Lorsque le palmier pleure by Terry Laurent

Lorsque le palmier pleure by Terry Laurent

Auteur:Terry, Laurent [Terry, Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thril­ler
Éditeur: PURPLE
Publié: 2022-06-29T22:00:00+00:00


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LE TRAJET DE l’aéroport José Marti au centre de La Havane dura une demi-heure. Le chauffeur devait avoir vingt-cinq ans tout au plus et il affichait un enthousiasme communicatif. Qu’importe le fait qu’il parle un anglais exécrable, il s’en donnait à cœur joie. Chaque virage était prétexte à une leçon d’histoire cubaine. Si le journaliste ne comprenait qu’un mot sur deux des explications du jeune cubain, il avait saisi l’essentiel. Son guide d’un jour rêvait des États-Unis tout en restant amoureux de sa cité natale. Un touriste américain constituait donc une aubaine pour ce bavard invétéré. En atteignant La Havana vieja, West découvrit le Capitole, véritable colosse qui dominait la ville. Sans surprises, le taxi attaqua sa tirade. Le bâtiment avait abrité le congrès, mais il n’était plus un lieu politique aujourd’hui. Avant d’apprendre la mesure en centimètres de chaque pierre du monument, West lui demanda de s’arrêter. Il glissa trente pesos dans sa main. Le jeune type le regarda d’un air interrogateur, puis son visage se fendit d’un large sourire. Le pourboire suffit à faire taire sa vocation de guide improvisé.

West referma la porte de la vieille guimbarde et il se retrouva sur l’immense place qui bordait l’édifice historique. Le chauffeur avait raison de s’enthousiasmer.

La majesté architecturale du Capitole tranchait de belle manière avec l’exubérance des façades alentour. Les immeubles étaient peints de couleurs chamarrées. Cela formait un camaïeu arc-en-ciel avec d’antiques berlines américaines garées un peu partout.

West s’était attendu à un décor de carton-pâte, un Disneyland ensoleillé, mais il trouvait une cité d’une profonde authenticité.

Le journaliste progressa dans la ville. Les hommes se tenaient devant les portes ouvertes des immeubles. Les plus vieux avaient sorti des chaises et discutaient avec entrain. À mesure qu’il s’écartait du centre historique, les ruelles se firent plus dépouillées, moins apprêtées. Dans les regards pudiques qui le suivaient, West ressentit la rudesse du quotidien. Il nota aussi une bienveillance inhabituelle lorsqu’on se balade avec l’étiquette de touriste. Si l’endroit était un paradis pour gringos en villégiature, la réalité des locaux semblait toute différente.

Plus loin, il croisa une échoppe qui exposait en vitrine de gros pains au dos cuivré. Il poussa la porte.

— Bonjour, commença-t-il en anglais.

Silence. Il reprit.

— ¿ Tiene bocadillos ?3

Une femme drapée d’un tablier blanc lui répondit d’un franc sourire. Elle lui montra, sur le côté de la caisse, une dizaine de sandwichs ventrus. West sentit la salive lui monter à la bouche. Il s’acquitta de la somme modique que lui réclamait la vendeuse, et repartit avec son casse-croûte au thon.

Il fit encore quelques pas, puis découvrit un banc bringuebalant où il put s’installer. Après avoir apaisé sa faim, il erra une bonne heure supplémentaire avant de ressentir le besoin de cesser de jouer les vacanciers. Il devait trouver un point de chute pour la nuit et si possible sans avoir à fournir son identité. Évidemment, il comptait proscrire les usines à touristes. Il voulait se fondre dans l’île et ces hôtels climatisés étaient tout sauf discrets. Il activa le téléphone acheté un peu plus tôt dans un kiosque de rue.



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